AMITIE FRANCO-ALLEMANDE 1961 - 2011 (partie5)

Publié le par l'équipe du journal

Témoignage de Kurt Busch

 

En principe, je n'aurais eu, Dieu soit loué, aucune raison de venir entretenir des tombes sur un cimetière militaire, en outre dans la Champagne. Ni mon père ni mes grands-pères n'avaient jamais dû lutter dans cette région et aucun d'eux ne devait laisser sa vie dans la guerre.

Mais ma mère qui avait étudié le français à l’université s’enthousiasmait pour tout ce qui venait de la France : la langue, la cuisine, la musique, la culture. Ainsi c’était compréhensible que je veuille absolument  voir une fois la France.

Et il y avait une fille, alors âgée de 18 ans qui s'était liée d'amitié avec moi depuis deux ans ; elle est maintenant ma femme depuis de nombreuses années. Sa famille connaissait et rendait souvent visite à Hans Gruber. Cette fille voulait aussi faire la connaissance de la France.

Et la, une annonce dans la presse : «Des jeunes de France et d’Allemagne travaillent ensemble sous la devise "Réconciliation par-dessus les tombes" dans des cimetières de soldats»

C’est pourquoi je postulais pour avoir une place dans ce camp de jeunes.

C’est ainsi qu’en 1963 nous sommes venus, mon amie et moi, à Saint Etienne à Arnes. C'était un moment  très intéressant, très beau et instructif.

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Ce qui nous procure une joie tout à fait particulière aujourd’hui, c’est le fait 32que l’amitié continue entre nous pour la troisième génération de suite.

 

 

Si cela pouvait rester ainsi 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean Pierre Andry        du Bourg !      

 

St Etienne à Arnes : le village symbole de la paix en Europe et de la fraternité franco-allemande.

Une petite annonce dans le journal « l’Ardennais en mai-juin 1962 proposait aux jeunes gens de notre département de participer à l’action de « Réconciliation par-dessus les tombes » sous l’égide des Ministères français et allemands concernés. Le village de St Etienne à Arnes abritant le plus grand cimetière allemand de la grande guerre, en Champagne, avait dès 1961 donné son accord pour l’organisation de ces rencontres dont l’objectif visible, de remettre en bon état les sépultures des soldats allemands : croix, pelouse, précédait celui invisible mais bien plus ambitieux de la réconciliation et de la construction de l’Europe politique, après des décennies de conflits et de haine.

Chaque Ardennais, jeune ou moins jeune, a reçu une part du passé historique en héritage ; ma génération née en pleine seconde guerre mondiale également. Pas un jour de mon enfance sans que les parents, les tantes et oncles (mes grands-parents ayant très tôt disparu, ma grand-mère maternelle le 11 novembre 1918 !!!) n’évoquent ces années là, leur calvaire répété à 20 ans d’intervalle, l’évacuation, les privations, les souffrances.

Pourquoi ai-je répondu jadis à l’appel du journal, à l’appel de la grande idée qui aujourd’hui s’est concrétisée, enracinée : l’Europe ?

J’aimais bien la langue allemande, venais de passer mon deuxième bac, cherchais aussi à dépasser les frontières de mon petit  Bourg-Fidèle, passer sur les autres rives à la rencontre d’autres jeunes gens, d’autres cultures et d’autres nations, d’autres romanciers et poètes dont j’avais appris aussi quelques extraits de leurs œuvres. WIECHER, HESSE…les modernes après les classiques : SCHILLER, GOETHE, LESSING

 

C’est en août 1962, deuxième quinzaine, que je fis la connaissance avec St Etienne à Arnes et la Bavière. Un camp de toile, à la militaire bien sûr, des lits de camp, un WC sans W et sans C puisqu’en plein air : une fosse et une pelle ; un lavoir public pour la toilette, pas gênant quand on vient du plateau sans eau courante ! La maison de M. Roussy pour les repas en commun, un horaire de travail nous laissant l’après midi de libre, des matchs de foot contre l’équipe de Machault ; ah ! la vache ! ; Ach ! die Kuh ! suite aux coups interdits. De longues discussions avec Thomas, Detlev, Günther et les autres André, Jacques, Roger, des litres de rouge et des rigolades, jamais un conflit ! Nous avions sous les yeux le résultat des disputes nationales et internationales ! Et puis aussi les copines allemandes étaient très chouettes ! J’avais oublié de vous dire que ces rencontres étaient mixtes !

 

Je sais encore : mes premiers pas d’interprète avec Hans auprès du curé de Sommepy ; une certitude : la langue allemande et le dialecte bavarois ne sont guère copains, surtout pour un petit Français. La Volkswagen de M. Soltau, le bus militaire allemand, les soldats allemands qui passaient le nuit dans le gros sac de couchage, dehors à même le sol. Monsieur SHWARZ, le jardinier responsable avec une jambe de bois et son éternel : « auf geht’s ! » M. BALLAY d’une énorme gentillesse, M. TINANT, un vrai sénateur proche de la population et sincère dans sa parole politique et la population du village en actrice-spectatrice, en soutien logistique, Généreuse et Loyale,   Royale ! Ca n’a pas changé !

C’est p’tet pour ça que j’suis r’venu, des fois et des fois, qu’on s’verra aco, des fois et des fois, pour qu’i’s’rencontrent noch lange Jahre, Jahrhunderte. PROST ! A LA NOTRE !

 

 

 

 

Publié dans le petit journal 2009

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